05 décembre 2012

"Simplon Discovery Tour" (opéra-montagne en 4 actes)


Extrait de la présentation Walkandtalk envoyée à des clients fidèles Chris & Jean (photo ci-dessus!):


"Le Col du Simplon est un de ces endroits que tout le monde connaît de nom mais où on met rarement les pieds, à moins que ce ne soit pour se dégourdir les jambes lors d’un passage en véhicule motorisé. Et pourtant c’est un des hauts-lieux de l’histoire des Hommes dans les Alpes, et en plus il a le bon goût de proposer des paysages à couper le souffle. Ajoutons à cela la perspective de se faire dorloter par les moines de l’Hospice pour pas cher et de randonner avec des sacs d’1 jour pas trop lourds et on a vite fait d’en faire une destination rêvée pour un séjour rando *en étoile*!"

ACTE 1: A la toute fin juillet 2012, l'été achevait de dégommer les restes de neige sur les hauteurs, et nous partions pour un périple de 4 jours, avec 1 nuit à la belle étoile, 1 nuit en cabane et 1 nuit à l'hospice.

Le truc chouette au Simplon? On est à 2000m d'altitude: en 2 heures à peine, nous voici proche des 3000 !

Sur nos dos les sacs pèsent des tonnes: manque d'acclimatation (eh oui même à 2300 m) et enthousiasme gastronomique en sont les causes principales. La toile de tente sans PVC (www.sierradesigns.com), pour protéger nos affaires et pour nous abriter en cas de mauvais temps, est montée sur un bout de gazon avec vue sur le ciel.

En soirée nous montons au Spitzhörli (2730m). Vue 360 degrés, vent 30 noeuds!

La lumière déclinante sous un ciel pétrole où défilent les nuages, ces transporteurs d'eau au long cours, et les pentes colorées de miel crépusculaire nous font chavirer. Nous sommes seuls et la nuit arrive.

ACTE 2: Après une nuit glaciale sous la lune ronde, le brouillard matinal se lève sur notre petit camp et un soleil radieux accompagne le thé et le café concoctés entre des blocs de gneiss.

Le Fletschhorn (3993 m) se reflète dans le Rossusee.

Nous redescendons au col du Simplon pour préparer le deuxième volet de la journée: changement de matos, la tente et le réchaud restent au parking et nous nous équipons pour la montée à la cabane Monte Leone.

800 mètres de dénivelé avec un petit roupillon en cours de route pour rattraper le sommeil difficile du bivouac précédent. La belle moraine latérale du Chaltwassertälli (la vallée à l'eau froide) nous conduit droit à la cabane, petit bijou de pierres tenu par la section Neuchâtel du CAS, avec des gardien(ne)s au délicieux accent jurassien.

J'y retrouve avec plaisir (et surprise!) ma collègue Pascale, accompagnatrice et Guide Patrimoine Lavaux comme moi, en route pour une traversée des Alpes. Retrouvailles et découvertes de petites plantes s’accrochant aux éboulis. Une soirée à jouer aux cartes, notre spécialité!

ACTE 3: la troupe est prête pour le Wasenhorn (3245 m), il fait beau, les conditions sont idéales. Nous partons pour le col d'abord où la suite sera évaluée.

Nous sommes à 3100 m, la vue est splendide sur le massif du Weissmies au loin et derrière la couronne des 4000 m: la Pointe Dufour tout à gauche et le Weisshorn à droite.

La suite semble trop exposée pour notre équipe et le matériel dont nous disposons. Je décide d'en rester là. Malgré une légitime déception, nous profitons de l'ambiance pour mettre en oeuvre d'autres compétences et c'est un moment délicieux que nous passons à jouir du spectacle des sommets et à entraîner notre patience en faisant du "jonglage" immobile avec les beaux blocs qui nous entourent.

Descente-exploration passant par la langue du glacier: nous admirons les jolies fleurs et cherchons des cristaux de quartz.

L'hospice du Simplon nous regarde arriver avec ses nombreux petits yeux carrés, il y fait frais, les douches sont chaudes et nous pouvons investir tout un dortoir pour étaler nos pieds fourbus. Une fondue magnifique est au programme à Simplon-Dorf. Et puis les couloirs larges et silencieux de l'Hospice, l’accueil chaleureux des frères et la brise nocturne par la fenêtre ouverte sur la montagne nous plongent dans une nuit sans rêves.

ACTE 4: Réveil tranquille et départ pour l'ultime journée rando au Simplon. Cette fois nos sacs sont vraiment petits car nous partons pour une course à la journée, autour du Galehorn.

Nous démarrons au pied de l'ancien hospice datant du 17 ème siècle, à l'époque des transferts de marchandises sous la férule du fameux baron Kaspar von Stockalper, "Roi du Simplon". Pas à dire, cette construction d'aspect un peu sinistre nous fait voyager dans le temps!

Nous gagnons les lacs de Sirwoltesee par une superbe cascade.C'est le premier août, fête nationale suisse et nous célébrons dignement l’évènement au picnic.

Nous profitons encore pleinement d'une journée dynamique avec du vent, du soleil, un peu de brume et de gros orages qui s'amoncellent au sud, annonçant un changement de météo. Comme des albatros à pattes, nous parachevons ces 4 jours en sortant des sentiers battus, par monts et vaux.

Nous suivons un sentier en balcon au-dessus du Nanztal, un vallon sauvage et oublié entre le Vispertal et le Col du Simplon. Le Bietschhorn en rive droite du Rhône semble tout droit sorti de l'imaginaire d'un Tolkien. C’est d'ailleurs non loin de là que l'écrivain puisa le matériau pour son célèbre "Seigneur des Anneaux".

Encore quelques pas dans les mélèzes et nous voilà de retour. Un opéra paysager s'achève. Ses envolées restent encore dans nos mémoires.